Les objets métier au cœur des processus : la boussole du projet de transformation

Se préoccuper du « Pourquoi » plutôt que du « Comment »

Si le projet de transformation se structure sur les habitudes organisationnelles (le « comment on fait les choses »), alors il ne produira pas de bénéfice. L’organisation est une réponse conjoncturelle faite de compétences et de capacités, mais aussi de carence et de politique. Les organigrammes sont souvent remaniés (plusieurs fois par an dans certains groupes) avec la croyance que le jeu de chaises musicales est vertueux. Ce n’est pas le cas ! Modifier les relations hiérarchiques n’est pas un gage de pérennité et d’amélioration. Bien au contraire, cela essouffle et décourage les meilleurs coéquipiers.

L’ADN de l’entreprise est constitué de ses missions, de sa culture et de ses chaînes de valeur (le « Pourquoi on fait les choses »). Il est donc logique que la boussole de notre projet de transformation se magnétise essentiellement de cela. La vision métier (accompagnée de ses processus) est l’assurance que notre regard est dans la bonne direction.

Les processus : cœur des projets de transformation

Entretiens, ateliers et documentations fournissent le matériel nécessaire pour affiner la vision métier. Disposant de l’énoncé des missions de l’entreprise, de la liste des activités significatives et des noms d’artefacts communs aux équipes, je me propose de revisiter le catalogue des processus métier pour m’assurer qu’il s’agit bien de chaînes de valeur. En effet, il n’est pas rare que l’on me présente des procédures comme étant des processus. Or une procédure explique à une équipe comment enchaîner les gestes, mais elle n’explique pas aux équipes pourquoi elles coopèrent.

L’objet métier : le fil rouge du processus

Voici un exemple pour illustrer la démarche. Considérons le cas de l’acquisition immobilière. Un premier atelier de co-construction avec les représentants métier, et en particulier avec les pilotes de processus s’ils sont connus permet d’identifier les concepts en jeu dans le quotidien des équipes. Le but n’est pas ici d’isoler des processus, mais de mettre à plat les centres d’intérêt. Le schéma suivant présente un ensemble réduit d’objets métier structurants. Dans une étude complète, nous aurons souvent entre 30 et 50 concepts. Deux types d’objets sont présents : d’une part les acteurs ou tiers (en fond jaune dans le schéma), et d’autre part les artefacts opérationnels utilisés ou générés.

Schéma 1 : Les objets métier de l’acquisition immobilière

Cette première étape permet de lever les ambiguïtés sémantiques que génère un usage différent des termes au sein de l’organisation. Il est important d’établir un langage commun. Parfois il est judicieux d’introduire de nouveaux mots pour éviter les confusions. Le formalisme obtenu et validé collégialement a le grand avantage de clarifier le périmètre du projet de transformation.

Les ateliers sur les objets métier sont toujours passionnants. Réaliser et actualiser un schéma faisant la synthèse des objets majeurs et de leurs relations entre eux donnent un outil de communication puissant.

Les acteurs, qui sont un groupe d’objets métier particulier, peuvent donner lieu à des améliorations très intéressantes. Lors d’un beau projet de refonte du système d’information, j’ai eu l’occasion de voir comment la distinction entre prospect, payeur, bénéficiaire et titulaire du contrat a clarifié la relation client.

Le cycle de vie

Poursuivons l’exemple avec l’objet métier « Prêt », dont les états successifs sont décrits lors d’un nouvel atelier.

Schéma 2 : Le cycle de vie simplifié de l’objet Prêt

Une bonne pratique est d’ajouter au nom de l’objet métier un participe passé exprimant l’état. Parfois, un autre objet métier se glisse dans le cycle de vie. Faire alors une périphrase pour respecter la bonne pratique devient acrobatique. Rien n’interdit de combiner plusieurs objets métier sur un même enjeu. C’est une affaire de posture. Le consensus prime.

La transposition en processus

La modélisation donnée en exemple est simplifiée. N’apparaissent en particulier pas les rôles portant les activités. L’objectif ici est que vous visualisiez la logique dans la succession des trois étapes « Fil rouge », « Cycle de vie » et « Processus ».

Schéma 3 : Le processus « Effectuer un prêt »

En adoptant cette démarche, vous vous assurez d’exprimer les véritables enjeux de l’entreprise en lien avec ses missions. Vous assemblez des activités réalisées de façon transverse sans présumer de l’organisation. Vous établissez un lien direct avec les données du système d’information qui instancient les objets métier. Si des activités identifiées en ateliers se retrouvent orphelines de processus, alors posez-vous la question de leur intérêt, ou rebalayez la carte des processus pour combler un éventuel oubli.

Et ensuite ?

La cartographie des processus n’est pas une finalité. Elle a pour vocation d’outiller la diffusion de la connaissance, le pilotage des projets techniques et de faciliter l’amélioration continue sur le terrain.

Schéma 4 : Pourquoi cartographier le métier ?

La méthode de cartographie est simple et les premiers gains sont rapides. N’hésitez donc pas à vous lancer. Nous pouvons vous accompagner pour des résultats en quelques semaines.

Frédéric Beer
Architecte d’Entreprise
www.pramana.fr

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